L'examen anatomopathologique
Si le prélèvement est de grande taille (comme une pièce opératoire) il est examiné par le médecin anatomopathologiste : mesures, poids, description de la lésion, encrage des limites pour pouvoir repérer la position de la lésion par rapport aux bords de section…
Il réalise en outre un échantillonnage de la pièce, c’est-à-dire qu’il prélève des parties de tissu en fonction des endroits et de l’aspect des tissus. Ces échantillons subissent ensuite un cycle technique aboutissant à un "bloc"(c’est un échantillon entouré de paraffine) qui permet d'obtenir une (ou plusieurs selon les besoins) "lame ".
Une lame correspond à une coupe de 4-5 microns (autrement dit très fine) d'épaisseur posée sur une lame de verre.
Si le prélèvement est de petite taille, il subit directement le cycle technique.
Différentes analyses sont alors possibles :
- une analyse historique : la lame est colorée pour être examinée au microscope ce qui permet le plus souvent le diagnostic (cancer infiltrant, cancer non infiltrant, lésion inflammatoire, mastose...)
- Une analyse immunohistochimique : elle permet l'identification de certaines cellules en mettant en évidence des caractéristiques particulières (par exemple identification des cellules myoépithéliales pour savoir si un cancer est ou non infiltrant) ou de rechercher d'éventuelles cibles thérapeutiques (recherche des récepteurs hormonaux...)
- une analyse de biologie ou pathologie moléculaire qui peut aussi se faire à partir de copeaux issus du bloc (par exemple : recherche de surexpression de HER2neu par technique dite de FISH)
L'examen anatomopathologique affirme le diagnostic du cancer. Il intervient aussi de plus en plus dans la recherche d’informations qui guideront le ou les traitements secondaires.
Dans certaines situations, l’examen peut être difficile, voire impossible. Il peut aussi être pris en défaut.
Il y a effectivement des limites :
- L'échantillon peut ne pas être représentatif de la lésion (la lésion n'étant pas présente, elle ne peut pas être diagnostiquée !).
- L'échantillon peut être mal fixé (le produit n’a pas assez bloqué la dégradation naturelle des tissus).
- Il y a des artefacts de prélèvement (écrasement, ...)
- Il y a des facteurs humains (attention de l'anatomopathologiste focalisée sur certains aspects au détriment d'autres, méconnaissance d'une pathologie très rares...)
- Pathologies trompeuses (des enseignements sont régulièrement organisés sur les "pièges en pathologie mammaire ")
Les risques entraînés par ces différentes limites sont de poser un mauvais diagnostic ou un diagnostic incomplet. Certains sont suffisamment connus pour être pris en compte par l'attitude thérapeutique. La réunion régulière des différents spécialistes permet aussi de déjouer ce piège.
Au total, cet examen est indispensable à la prise en charge diagnostique et thérapeutique des lésions du sein. Son évolution permet des découvertes thérapeutiques régulières. L’étude des tissus et des cellules se précise aussi de plus en plus sur leur génétique ou génomique, probablement voie d’avenir dans la prise en charge des cancers.